Cette chronique peut contenir des spoilers, cependant, j’avais besoin de mettre des mots concrets sur mon ressenti, et je ne pouvais absolument pas omettre certaines choses. Si jamais vous souhaitez découvrir ce livre de vous même, évitez de lire mon avis (même si les spoils ne sont pas bien méchants!)
Ne le dis pas à maman est un récit autobiographique écrit par Toni Maguire et publié aux éditions Le Livre de Poche en 2011. Il comporte 316 pages.
L’histoire bouleversante d’une petite fille face à l’inceste et à la trahison.
L’enfance de la petite Toni cache un secret qui a faille la tuer. Dès l’âge de six ans, son père abuse d’elle. Courageusement, elle révèle l’indicible à sa mère qui se réfugie dans le déni, ouvrant la voie à des années de tortures sexuelles et mentales. Enceinte de son père à quatorze ans. Toni ne pourra compter que sur elle-même pour échapper de ce monde de dépression et de folie. Faisant preuve d’une force de caractère incroyable, elle aura le courage de dénoncer son père aux autorités, ce qui la placera une fois de plus seule contre tous ….
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J’avais beaucoup entendu parler de ce livre avant de vraiment le lire. Les avis étaient unanimes, bien que la thématique abordée était très dure et vraiment boulversante, ce livre était très bon. Après ma lecture, je dois dire que je rejoins la majorité.
Je pense que l’on doit aller au delà du basique « J’ai aimé » et « je n’ai pas aimé » ce livre. On se retrouve face à l’horreur et à la dureté durant près de trois cent pages. On voyage dans le temps aux côtés de Toni, qui alterne entre des descriptions physiques de ce qu’elle a vécu, et ce qu’il se passe dans sa tête, au moment des faits et plusieurs années après.
Le début de l’histoire démarre à l’hospice, Toni est près de sa mère mourante. Elle n’attend d’elle qu’une seule chose : un pardon. Qu’elle n’aura jamais, pourtant, elle reste au chevet de cette dernière, car dans le fond, elle a beau lui en avoir voulu, elle l’a toujours aimée. Pendant son séjour dans cet hôpital, Toni est confrontée à son passée sous la forme d’Antoinette, fantôme de son enfance.
Ainsi, l’histoire de son passé commence de manière très simple : elle plante le décor. Puis petit à petit, nous voilà retrouvé sans nous y attendre face à l’inceste qu’a vécu cette petite fille de six ans. Cependant, plus Toni avance dans la vie, plus ce qu’elle subit est immonde… si bien qu’à certains moments, la lecture était presque insoutenable et j’avais besoin de pauses.
J’ai été vraiment frappée par la force de caractère d’Antoinette/Toni, quelque soit son âge et les sévices subis. C’est vraiment fou : petite, elle essayait de garder son optimisme, sa joie de petite fille et ses espoirs…et même en grandissant et en vieillissant, elle avait ce petit plus de ne jamais vraiment baisser les bras. C’est vraiment quelque chose d’admirable.
Ce qui m’a le plus outré dans toute cette histoire, autre le comportement du père de Toni et les sévices qu’elle a subi, je pense que c’est le comportement de son entourage plus ou moins éloigné. Que ce soit le médecin, ses copines d’école, les gens chez qui elle travaille … ou même sa mère! Personne ne la défend. Tout le monde rejette la faute sur elle, alors qu’elle n’y est absolument pour rien dans toute cette histoire. C’est tout simplement révoltant et donne envie de prendre fait et cause pour tous ces enfants qui vivent de pareils sévices.
En réalité, si j’ai fini ce livre, c’est d’abord par respect pour l’auteure et la petite fille qu’elle a été, elle ne méritait pas cela (qui d’ailleurs le mérite ?) et si j’ai choisi de lire son témoignage, je le fais jusqu’au bout; ensuite, c’est parce que j’avais également, un infime espoir que le roman finisse bien… Même si vous vous doutez bien que ce n’est pas le cas.
« Vous pouvez construire une maison, bien peindre les murs et soigner la décoration intérieure. Vous pouvez en faire un symbole de réussite, comme je l’ai fait avec mon appartement de Londres, ou bien un havre de bonheur. Mais si vous n’avez pas pris soin de la bâtir sur un terrain stable et d’édifier de solides fondations, au fil des années, vous verrez des fissures.
Si aucune tempête ne vient menacer votre maison, elle pourra durer des années, mais si les conditions météo vous sont défavorables, s’il y a trop de pression, elle s’effondrera, parce que ce n’est rien d’autre qu’une maison mal construite. »
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En conclusion : Je suis tout bonnement incapable de donner une note à ce témoignage. On ocille entre le boulversant et le révoltant, à chaque page, on s’attend à quelque chose de tragique et en même temps, comme Toni, on a l’infime espoir que tout s’arrange. Malgré la dureté du récit, je recommande ce témoignage. Même si l’on en entend que très peu parler, ce genre de violences n’est pas si singulier, et je pense qu’il est important que tout le monde le sache.
Par Nina
Merci de cet avis ! J’ai eu le même problème face au très intime et très glauque « La Fabrique des Pervers » de Sophie Chauveau, le sentiment que donner un avis de lecteur sur l’ouvrage était presque indécent…
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C’est vraiment ça! D’un côté on est partagé entre le fait que émettre un avis sur de telles atrocités est complètement déplacé, mais d’autre part, on se dit que dans la mesure où l’on donne notre opinion sur nos lectures, il est important de toutes les évoquer et que ne pas en parler serait se voiler complètement la face, car ce sont des choses qui arrivent aussi, c’est d’ailleurs en parti pour cela que je voulais partager cette lecture, en plus du fait qu’elle m’ait beaucoup marquée !
Merci pour ton commentaire!
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