Les putes voilées n’iront jamais au paradis ! par Chahdortt Djavann

In the end – Violet Orlandi

couv54334505Les Putes voilées n’iront jamais au paradis ! est un essai écrit par Chahdortt Djavann et publié aux éditions Le Livre de poche en 2017. Il comporte 216 pages.

Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.
Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Ces femmes sont si vivantes qu’elles resteront à jamais dans notre mémoire.
À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.
Ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu’un cheveu de femme.

***

Depuis le temps que j’entendais parler de ce livre, il me fallait le lire et je n’ai vraiment pas été déçue. Lu pendant la période de canicule, il n’a fait qu’un pli, mais son impact reste très fort plusieurs semaines après la fin de ma lecture.

Femme, vous ne disposez jamais de votre corps ni de votre vie dans ce pays. La loi vous l’interdit.

L’autrice choisit de nous raconter la vie de deux jeunes filles qui, à l’âge de 12 ans sont amenées à se marier avec des hommes qu’évidemment, elles n’ont pas choisi. Si l’une se plie à son sort, l’autre s’échappe pour regagner la ville. Or, pour l’une comme pour l’autre, la vie ne va pas être toute rose et va les amener par la suite, à la prostitution.
Dans un second temps, nous nous trouvons au cœur d’une ville ou des femmes sont assassinées et les rassemblements populaires vindicatifs nous apprennent qu’elles étaient prostituées. Pour cette seconde partie, j’avoue que j’étais un peu perdue au démarrage, je voulais comprendre le pourquoi du comment. Puis, l’autrice prend la parole pour nous l’expliquer. Ce qui est arrivé à ces femmes représente la réalité en Iran, c’est une des raisons pour laquelle leur situation est très précaire. Et très franchement, cela glace le sang.
Enfin, elle va nous livrer le « témoignage » de prostituées qui ont malheureusement été assassinées. Toutes sont différentes et les raisons qui les ont amenées à faire ce métier sont diverses. Leur voix permettent de rendre complètement compte de la situation des femmes en Iran ainsi que le poids de la religion dans la politique, celui des traditions…

On est en 2014, bordel, et nul ne devrait être autorisé à faire cinq ou six gosses quand il n’a pas les moyens matériels de les élever, d’assurer leur santé, leur alimentation et leur éducation.

Je ne sais pas vraiment comment amener ma chronique. Je pense que le plus important est de lire le livre, car mon avis ne saurait lui rendre complètement justice. L’autrice, pour parler des situations de toutes ces femmes emploie des mots forts et va droit au but. Elle ne se voile pas d’hypocrisie ni de faux semblants, elle dresse un portrait de la société iranienne telle qu’elle doit être montrée et non telle que l’on veut qu’elle soit.

A travers l’histoire d’une des jeunes femmes (dont je ne me souviens plus du nom, mille pardons !) nous avons également la possibilité de côtoyer les institutions religieuses et donc, de comprendre ce que sont les mollahs. Pour ceux qui, comme moi ne le savent pas, ce sont des hommes, évidemment, qui sont reconnus par les chiites pour dispenser et interpréter la charia. Je me suis rendue compte que ces hommes avaient un poids majeur dans les instituions politiques et il s’avère, selon Wikipédia, qu’à une époque ils faisaient même partie de l’opposition.

Habiter un corps de femme, dans l’immense majorité des pays musulmans, est en soi une faute. Une culpabilité. Avoir un corps de femme vous coûte très cher, et vous en payez le prix toute votre vie.

En conclusion : ♥♥♥♥♥ Un essai court mais dont l’impact est immense et qu’il est pour moi nécessaire de lire pour se rendre compte que si la situation des femmes en occident reste parfois très problématique, il y a ailleurs dans le monde des femmes qui souffrent encore bien davantage. En sortant de ma lecture, j’ai également pensé à l’essai Sexe et mensonges de Leila Slimani qui présentait des portraits de femmes marocaines et là aussi, on voyait le poids de la tradition et de la religion dans la vie quotidienne et les nombreuses restrictions faîtes au femmes autant dans leur condition que leur sexualité. Il a été chroniqué, je vous mets le lien ici.

Par Nina.


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