Romances HoMxMsexuel(le)s ? (2)

Coucou à tous ! Je vous retrouve pour la deuxième partie de mon article sur les romances gays et lesbiennes, partie consacrée aux romances gays cette fois-ci ! Pour les nouveaux venus, pas de souci, le lien vers la première partie est juste ici. J’ai pas mal expérimenté, j’ai trouvé des choses très étranges (je pourrais faire un bêtisier sur mes découvertes bizarroïdes en matière d’homoromance …), j’ai fait quelques jolies découvertes et j’ai aussi beaucoup ri je dois l’avouer. Je vous parle de tout ça mais je vous fais une petite remarque avant : dans chaque titre de livre que je vous donne, je vous mets un lien qui vous redirige vers la page Booknode du livre avec résumé, couverture, extrait et toute autre information utile. Ce fonctionnement est plus pratique que de mettre directement les résumés dans l’article, il y en a beaucoup trop. Je vous conseille d’aller voir les résumés au fur et à mesure, cela peut vous aider à comprendre de quoi je parle ! J’ai également mis des citations et je mets en dessous de quel livre elles sont tirées. Dernière chose : j’ai choisi ces citations pour qu’elles aillent avec mon article. Elles ne reflètent pas tout le livre dont elles sont tirées ! Gardez le en tête si vous vous laissez sa chance au livre ! Sur ce, bonne lecture 🙂 .

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Une fois près de la porte, Sander lâcha Will et sortit ses clés, non sans un coup d’œil pour vérifier que l’autre homme tenait désormais sur ses guibolles. Il ne fit aucun commentaire lorsque ce dernier serra les dents et s’accouda discrètement au mur. Les durs à cuire avaient leur fierté et Sander n’aurait pas été certain de réagir différemment.
(l’Appel du Renard tome 1 : Traqué)

La première remarque que je peux faire en parlant de mes lectures gays c’est que l’univers masculin m’a un peu surprise. Quand je dis univers masculin, je veux dire qu’à partir du moment où le couple que l’on suit est gay, j’ai eu l’impression que les femmes disparaissaient du bouquin. Alors bien sûr à plus ou moins de degré, parfois elles restaient présentes et d’autres fois… Soit elles n’étaient pas là, soit c’était de petites choses fragiles à protéger. Ce constat m’a pas mal perturbée, surtout que je n’en voyais pas la raison : au contraire pour une fois, la femme n’avait pas à être sexualisée donc on pouvait lui donner des rôles différents. Je n’ai pas trouvé ça ou si peu que je choisis de ne pas le compter. La romance qui « cassait » sans doute le plus les codes que j’ai lu est l’Appel du Renard, le premier tome s’appelle Traqué, et même là, la femme la plus présente (en essayant de ne pas trop vous spoiler) finit par disparaitre à la fin. Je trouve donc vraiment que l’univers des homoromances est très masculin – comme si il n’y avait plus de place pour les femmes, même en tant qu’amie – jusqu’à l’iconique Bear Mountain : un jour quelqu’un s’est donc dit que ça serait cool d’écrire 23 tomes basé sur un concept simple : des métamorphes ours, tous gay et tous en trouple. Pas en couple, ils vont par 3 à chaque tome. Je vous laisse imaginer le fichu nombre de métamorphes ours hommes sur la fichue montagne …. Oui ça a été ma lecture la plus terrible et dont j’avoue, j’ai un peu honte. Je n’aime pas dire qu’un livre est nul et je préfère rire des défauts de mes lectures et là … J’ai beaucoup ri. Vraiment beaucoup. Je me suis même un peu forcée.
J’ajouterai ensuite que souvent les séries sont entièrement basées sur le principe d’un couple homosexuel à chaque tome. Je le dis dans une perspective un peu réaliste on va dire : les coups gays ne sont pas intégrés aux couples normaux, on fait des séries à part et vice versa. Et au final on se retrouve avec des séries où il y a que des gays concentrés en un seul et même endroit … L’effet est un peu spécial je trouve parce que ça revient à traiter les couples gays comme quelque chose à part au lieu de les considérer comme normaux ? Peut-être que je me casse juste trop la tête. Mais j’aimerais vraiment un jour avoir une série qui suit à la fois des couples homosexuels (homme ou femme) et des couples hétérosexuels. J’aurais vraiment l’impression d’avoir de la diversité.

— Il y a encore beaucoup de choses que tu ne sais pas à propos des ours-garous. Un seul d’entre nous peut jouir en toi à la fois. Seulement un.
Carson fronça les sourcils.
— Vais-je me transformer en gremlin si vous le faites tous les deux ?
— Non, mais tu pourrais tomber enceint, répondit Royce.
Carson éclata bruyamment de rire.
— Enceint ? Mais bien sûr… Je n’ai pas la bonne plomberie pour ça.
— Les métamorphes-ours n’ont pas besoin d’une plomberie de femelle, comme tu l’appelles.
(Bear Mountain tome 1 : liés à deux ours)

Deuxième caractéristique marquante de mes lectures : la vraie passion pour les militaires dans les homoromances. Dans presque tous les livres que j’ai lu, au moins un des membres du couple était ou avait fait partie d’un corps militaire, que ce soit dans les romances « pures » ou dans les romances paranormales. Le pire pour moi ça a été dans l’Appel du Renard : Alexander, dit Sander, est shérif. Sauf que pour moi un shérif, c’est un homme d’une soixantaine d’années, un peu bedonnant et dont le sex-appeal s’élève à… zéro ? En fait j’ai eu beaucoup de mal à faire cadrer ma représentation du personnage avec ce qu’on disait de lui. Et sinon de manière générale, j’ai eu surtout l’impression que le passif militaire des mecs était une facilité scénaristique pour donner de la profondeur aux personnages via le trauma de la guerre, les épreuves… En plus d’affirmer une forme de virilité et une difficulté à avouer qu’on est gay quand on a fait l’armée, notamment dans Clair Obscur où cette partie de l’histoire m’a laissée sceptique parce que je ne l’ai pas trouvée bien amenée pas plus que je n’ai apprécié l’idée sous-jacente : quand on est gay, il faut apparemment rappeler qu’on est un « vrai homme »… Ça fait grincer des dents. Idem dans Redwood. Redwood et plus précisément le deuxième tome de la série, Reed, n’est pas à proprement parler une homoromance. On suit un trouple : Reed, un loup-garou, Hannah, une sorcière et Josh un humain qui était militaire. Je ne vous cache pas que de mon point de vue le fait que Josh soit militaire sert à : ne pas le faire passer pour 3 fois rien à côté d’un loup et d’une sorcière, expliquer le fait qu’il soit solitaire et oublié de tous et donner un peu de relief à un personnage qui n’en a pas beaucoup … Je n’ai pas accroché avec Redwood, j’ai trouvé ça très fade en fait. On accole des étiquettes aux personnages et on laisse ces étiquettes faire le travail pour donner de la profondeur aux personnages … ce qui ne fonctionne pas.

Il avait oublié, avec une facilité désarmante, mon satané caractère de Johnson. Mon entêtement, ma détermination. Mon machisme et mes propres instincts de domination. Il n’était pas le seul homme ici.
(Clair Obscur, Lily Haime)

J’ai souvent aussi trouvé les restes d’une genre de relation dominé/dominant, un peu la caricature des couples homosexuels. Ce n’était pas aussi caricatural que dans les yaoi (j’y viens après) mais plutôt comme un déséquilibre : une question de taille (comprenons nous bien : de hauteur), il y a un membre du couple plus petit que l’autre et c’est même un problème au cœur de la relation dans le quatrième tome de Bestiaire amoureux, Guide pour échapper au grand méchant loup (je précise quand même que le « petit » fait 1m75. On avouera que c’est minuscule.) Des questions d’expérience aussi : l’un des deux est plus âgés (parfois de plusieurs siècles…), s’affirme comme gay depuis plus longtemps et a donc eu plus de rapports, sait plus de choses sur le monde/la vie/le sexe et tout et n’importe quoi… Donc forcément vous avez souvent celui plus âgé ou plus grand ou avec plus d »expérience qui « a le dessus » dans la relation avec des partenaires rarement sur un pied d’égalité. Par exemple, dans le premier tome des Oiseaux Chanteurs, l’Hériter des Vêpres, qui est de loin le livre que j’ai préféré et avec la relation peut-être la plus équilibrée, Willim a une vingtaine d’année et de par sa fonction n’a jamais pu avoir une seule relation sexuelle avec un homme ou une femme, cela lui est interdit. A contrario, Grayson a 10 ans de plus que lui, est mercenaire et a déjà eu des relations sexuelles avec un homme sûr et peut-être avec des femmes. Bref Grayson a l’avantage sur Willim surtout que ce dernier ne connait quasiment pas la vie à l’extérieur du temple où il a grandi alors que Grayson a fait la guerre… Leur relation est équilibrée parce qu’ils sont tous les deux intelligents, ont des capacités propres etc qui font qu’ils se complètent mais il y a un déséquilibre qui persiste entre les deux. Pour en revenir à un propos plus général, le déséquilibre entre les deux protagonistes avec un qui ne sait parfois rien de rien et un autre avec qui expérience qui peut être considérable se retrouve dans pour presque toutes les romances que j’ai lu. La seule exception c’est dans l’Appel du Renard où pour le coup on a l’impression que les deux personnages sont égaux.

Arthur ne se considérait pas comme un homme fort – il était trop petit pour ça – mais il pouvait dévaler des collines là où les autres garçons de courses n’y parvenaient pas et il pouvait transporter les commandes les plus lourdes sans perdre son souffle.
(Bestiaire amoureux tome 2 : Guide pour apprivoiser un dragon)

Je vais maintenant vous parler des yaoi (brièvement) pour comparer un peu. Dans les yaoi, la relation caricaturale est poussée à l’extrême. Il s’agit vraiment d’une relation de dominant/dominé qui fait partie des codes du genre. Le consentement est parfois très flou et dans certaines œuvres il est même inexistant. On retrouve le principe d’un homme plus âgé, plus sûr de lui et avec plus d’expérience (c’est aussi le plus grand des deux en taille, c’est dans la logique !) qui est attiré par un homme plus jeune, souvent sans expérience et qui a du mal à accepter et assumer cette relation parce que manque de confiance en lui… On pousse la caricature à l’extrême. Les yaoi comme les romances MxM sont destinés à un public féminin, ils ne sont pas donc réalistes des relations entre hommes homosexuels… Ce que je trouve regrettable parce que c’est cliché et vraiment pas dans le bon sens. J’ai quand même trouvé l’expression au cours de mes lectures de « faire la fille » pour désigner les actions de l’un durant une relation sexuelle (dans Guide pour échapper au Grand Méchant Loup, le tome 4 de Bestiaire amoureux si vous voulez tout savoir). Je pense que c’est insultant pour tout le monde. Je ne dis pas que ces romances étaient mauvaises dans leur ensemble, j’ai fait de belles découvertes mais il y a encore des petits bouts de phrases, des expressions ou une manière d’aborder les choses qui font tiquer à fortiori quand vous savez que c’est écrit par une femme pour des femmes. Enfin si je devais terminer sur cette question du réalisme je vous dirais que le pire se situe dans les scènes de sexe… Sans vous faire un tableau complet ou une comparaison réalité versus fiction, je peux dire (et je ne citerais pas mes sources) que la sodomie ne se pratique pas à chaque rapport homosexuel et que certaines choses – et je vise particulièrement Bear Mountain ici – sont anatomiquement impossible. Or dans ces romans, la sodomie se pratique presque à chaque fois et pas de manière crédible en fait. Je n’ai pas besoin d’être un homme pour le vous dire.

— Vous avez l’air d’une vierge attendant de se faire violer.
La voix de Bertie ne se ressemblait plus, bien qu’Arthur reconnût le son guttural d’un dragon usant de mots humains. Il serra plus étroitement le drap, et leva les yeux. Puis il prit une profonde inspiration.
— Et si c’était le cas ?
(Bestiaire amoureux tome 2 : Guide pour apprivoiser un dragon)

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Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère qu’il vous aura un peu diverti. Le but était vraiment de revenir sur ce phénomène de mode qu’est la romance homosexuelle que je trouve plus ou moins bénéfique pour les avancés de la cause LGBT. Je ne suis pas spécialiste du MxM et je pense que après avoir lu toutes ces romances, je vais éviter le rayon en librairie pendant un moment, j’ai un peu frôlé l’overdose :). N’hésitez pas à laisser des commentaires, vos avis pour améliorer ou tout ce que vous jugerez utile, je suis toujours heureuse de papoter avec vous 🙂 . Vous pourrez retrouver la liste des toutes mes lectures pour cet article dans le bilan du mois d’octobre. Je vous souhaite une bonne semaine, pleine de lectures drôles, émouvantes, joyeuses ou même romantiques selon vos préférences !

Par Sophie.


8 réflexions sur “Romances HoMxMsexuel(le)s ? (2)

  1. Salut,

    Merci pour cette chronique ! Ces points de vue objectifs de la romance MxM et de ce qui ne convient pas, me permet de vérifier mes propres textes afin de ne pas tomber dans des pièges inconscients 😉

    J’ai noté certains points auxquels je dois faire plus attention pour ne pas en faire une généralité, mais sinon je suis plutôt contente de dire que je n’ai pas trop de problèmes de ce côté-là ! x)

    Après, je pense que ces genres de schémas sont aussi très inconscients de la plupart des auteurs, car la plupart des auteurs, avant d’écrire sont des lecteurs et qu’au final on ne fait que reprendre les codes qu’on nous a appris. Ce n’est pas toujours facile de sortir du moule ou même de se rendre compte qu’il en existe un.

    Par exemple, je n’avais pas conscience de la vague militaire dont tu parles. Et sur l’une des trois histoires que j’ai/j’écris, j’ai effectivement fait un homme militaire et j’utilise ce passé pour expliquer les choix qu’il fait. Il se trouve également qu’il est plutôt solitaire et un peu traumatisé d’avoir fait la guerre, même s’il ne le regrette pas. Je ne sais pas si finalement c’est un schéma inconscient que je reprends, mais l’existence de ce militaire solitaire et traumatisé est indéniable XD

    Cependant, les limites et les moules sont de plus en plus mis en avant donc il y a une chance que l’on puisse s’en défaire ! Alors merci pour ta chronique~

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    1. Je suis contente que ma chronique puisse servir !
      Je suis totalement d’accord avec les mécanismes inconscients ! Je pense aussi que le fait que la romance homosexuelle n’ait été mise en avant que récemment joue aussi. On écrit sur ce qu’on pense connaitre, ce qui est parfois stéréotypé – et c’est souvent inconscient.
      La vague militaire m’a surprise aussi et me fait surtout beaucoup rire. Je ne connais pas de militaire personnellement (et encore moins gay XD) mais je trouve fou le mélange de clichés et de fantasmes que l’on peut trouver sur « les mecs qui portent l’uniforme » (militaire, policier, parfois même pompier !). Ça m’a amusée de retrouver ça dans les romances homosexuelles, même si sur certains détails c’était un peu choquant.

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  2. Je ne m’y connais pas assez en MxM pour pouvoir appuyer le propos, mais le peu que j’en ai aperçu de loin correspond bien à ce que tu soulignes ^^’ Moi ce qui m’avait un peu fait tiquer, c’est que ces romances sont surtout lues par un public féminin ; non pas que je veuille empêcher quiconque de lire quoi que ce soit, mais ça me donne un peu l’impression que ces romances sont encore moins crédibles, comme si ça servait à faire fantasmer tout le monde sauf les « principaux intéressés ». Je ne sais pas si ça te fait cette impression aussi ?

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    1. Alors oui et non. Je ne pense qu’aucun.e des auteur.ices qui a écrit ces livres l’ait fait spécifiquement en visant un public masculin … Donc c’est vrai qu’on a l’impression que tout le monde fantasme sauf les principaux intéressés. En même temps, je pense que certains MxM doivent plaire aux hommes homosexuels (quand même !) et qu’ils doivent s’y retrouver … Mais je pense qu’il ne faut pas piocher du côté des stéréotypes du genre. J’ai un ami (dont je conserverais le strict anonymat) qui a beaucoup aimé Love, Simon de Becky Albertalli et qui a lu des livres avec des protagonistes homosexuels qui ne correspondent pas du tout à ce que moi j’ai lu. Je pense en fait qu’on pourrait presque faire deux types de MxM. Ceux qui sont destinés à faire fantasmer un public plutôt féminin (je pense qu’on peut aussi ajouter que dans l’imaginaire générale, ce sont les femmes qui lisent les romances) et ceux destinés à un public plus général (genre Love Simon je pense) et qui intègrent moins tous ces clichés et font peut-être aussi de ces couples homosexuels quelque chose de plus « banal ». Après, ce sont mes avis en tant que lectrice ! 🙂

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      1. Je tenterai Love Simon alors ^^ Ah, et je me rappelle que j’avais trouvé une ME qui faisait de la FxF, mais je n’avais pas eu l’occasion de tenter : elle s’appelle Reines de Coeur (je crois), si tu veux regarder ? Je voulais voir, mais au même moment une ME de livres steampunk a vu le jour et… j’ai radicalement changé mes projets XD

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On en discute ? ;)