Sorcery of Thorns est un one-shot de Margaret Rogerson publié aux éditions Bragelonne. Il compte 464 pages.

Tous les sorciers sont maléfiques.
Elisabeth, élevée au milieu des dangereux grimoires magiques d’une des Grandes Bibliothèques d’Austermeer, le sait depuis son plus jeune âge. D’ailleurs, peu de temps après le passage à la bibliothèque du sorcier Nathaniel Thorn, un des ouvrages se transforme en monstre de cuir et d’encre, semant mort et destruction. Et c’est Elisabeth qui se retrouve accusée de l’avoir libéré. Forcée de comparaître devant la justice à la capitale, elle se retrouve prise au cœur d’une conspiration vieille de plusieurs siècles.
Bien malgré elle, elle n’a d’autre choix que de se tourner vers son ennemi Nathaniel, et son mystérieux serviteur, Silas.
Car ce ne sont pas seulement les Grandes Bibliothèques qui sont en danger, mais le monde entier… et face à ce terrible complot, Elisabeth va devoir remettre en question tout ce qu’elle croyait jusqu’ici, y compris sur elle-même.
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Comme promis la semaine dernière, retour sur ma dernière lecture, Sorcery of Thorns de Margaret Rogerson. Si j’ai eu un mauvais pressentiement en commençant ce livre, je suis tout de même très contente de lui avoir laissé sa chance car je n’ai pas été déçue ! Laissez-moi vous emmener dans un univers où les livres parlent, mordent et peuvent même vous tuer si votre tête ne leur revient pas 🙂 .
Mais il s’agit d’une bibliothèque, s’exclama Elisabeth avec surprise. À quoi s’attendent-ils ? À ce que les livres n’essaient pas de leur mordre les doigts ?
Sorcery of Thorns nous entraine dans le quotidien (qui va vite devenir exceptionnel) d’Elisabeth Scrinever, jeune apprentie bibliothécaire qui va se retrouver face à un dangereux complot mêlant grimoires, bibliothèque et sorcellerie. Elle va alors pouvoir compter sur son ennemi-qui-en-fait-ne-l’a-jamais-été, le sorcier Nathaniel Thorns pour l’aider dans cette enquête épineuse (sans mauvais jeu de mots).
L’univers proposé par l’autrice n’est pas très détaillé dans le roman mais se concentre surtout sur l’existence de la sorcellerie, ce qui nous amène aux grimoires. Véritables livres vivants, les grimoires ont une forme de conscience et des capacités propres. Lorsqu’ils sont abimés, ils se transforment en monstres – plus ou moins dangereux selon leur puissance – qu’il faut alors « tuer » pour éviter un massacre. Les grimoires sont stockés dans les 7 grandes bibliothèques et protégés par les « Gardiens », des bibliothécaires formés au combat. Inutile de vous expliquer davantage que les livres sont au centre de cette histoire et c’est un point qui ne pouvait que me plaire, en plus des petites phrases glissées ici et là qui rendent hommage aux livres, à l’importance du savoir et à l’imaginaire, bref comment toucher une lectrice en plein cœur.
La bibliothèque possédait une vie propre, et elle était devenue quelque chose de plus grand que ce que Cornelius avait voulu pour elle. Car les Grandes Bibliothèques ne renfermaient pas des livres ordinaires, mais des grimoires. Un savoir qui avait pris vie. Une sagesse qui possédait une voix. Ils chantaient quand la clarté du firmament tombait par les fenêtres. Ils ressentaient la douleur et la peine. Certains pouvaient se montrer mauvais ou grotesques, mais était-ce différent pour les gens, à l’extérieur des murs de la bibliothèque ? Et cela ne rendait pas pour autant le monde indigne d’être protégé, car là où il y avait des ténèbres, il y avait aussi tellement de lumière.
Les personnages ont réussi à faire mouche aussi. On suit principalement Elisabeth (mais narration à la 3ème personne ouf), orpheline qui a grandi dans une des grandes bibliothèques. Elisabeth m’a au début un peu agacée à cause d’une certaine naïveté à propos des sorciers qui s’accompagne d’une étroitesse d’esprit dans les premiers chapitres. Heureusement cela passe assez vite et elle se rattrape largement par la suite. Notre héroïne est plutôt du genre intrépide et à ne même pas envisager de renoncer. Son certain détachement envers la société, les convenances et autres m’a plu et résonnait bien avec le côté renfermé de Nathaniel. Lui aussi était très attachant – je l’imagine toujours un peu plus âgé que décrit dans le livre – avec une histoire personnelle tragique et une évolution au contact d’Elisabeth qui ne pouvait que lui faire du bien.
— Toutes ces choses que vous m’avez racontées, que vous buviez du sang et transformiez les gens en salamandres…
Nathaniel appuya son coude contre la portière et se couvrit la bouche de la main. Ses yeux luisirent d’un rire contenu.
— Vous vous moquiez de moi ! s’insurgea Elisabeth, outrée.
Malgré tout, je pense que sans le troisième larron de l’équipe, mi-protagoniste, mi personnage secondaire, je n’aurais pas autant accroché à ce roman. Le dernier membre du trio et personnage qui sauve le game, j’ai nommé Silas, le démon familier de Nathaniel. Si je devais rapprocher Silas à un autre personnage, je dirais Sebastian du manga Black Butler – ils ont de nombreux points communs et sont tout aussi classes l’un que l’autre. Si vous ne connaissez pas Black Butler … je vais tenter de résoudre cette lacune. J’ai adoré Silas parce qu’il a toujours la réplique qu’il faut au moment où il le faut et que c’est tout à fait cette personne un peu à la marge qui sauve tout le monde d’un air nonchalant comme si il ne s’agissait que de faire la vaisselle. J’adore ce genre de personnage.

Que… qui êtes-vous ? bégaya-t-il.
— Difficile de répondre à cette question, murmura la voix. Je suis un être très ancien, voyez-vous. J’ai provoqué la chute d’empires et me suis tenu au chevet de rois sur leur lit de mort. Des nations qui ont disparu dans les limbes de l’Histoire se sont affrontées pour le secret de mon nom. (Il soupira.) Mais, pour le moment présent, je suis seulement dépité. Mes projets du jour n’incluaient pas de flâner dans une ruelle sordide pour m’occuper d’une poignée de criminels de second rang. D’autant moins dans un habit propre, et avec des souliers neufs.
L’intrigue est assez soutenue avec de jolies retournements de situation. On n’est pas pour autant tout le temps dans l’action mais l’enquête et les recherches d’Elisabeth ne sont jamais ennuyeuses. La petite étincelle entre Elisabeth et Nathaniel est mignonne à regarder également même si la « romance » (bien grand mot dans ce cas) n’est pas vraiment la composante principale du roman.
Mon seul bémol : la fin. Je ne suis pas déçue de la fin à proprement parler mais l’épilogue et en particulier le dernier paragraphe suggère quelque chose avant de s’arrêter dans un simili de fin ouverte. Je dis simili car pour moi il n’y a pas réellement de doute sur la fin mais ce n’est pas écrit. Je fais partie de ces lecteur.ices qui restent frustré.e.s lorsque tout n’est pas écrit en particulier une scène pour clore le roman. C’est un bémol relatif évidemment mais à deux heures du matin, après 5 heures de lecture intensive, rester sur ma faim était assez désagréable j’avoue.
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En conclusion : ♥♥♥ et je pourrais en mettre un demi de plus ! Malgré quelques défauts ici et là, Sorcery of Thorns reste une bonne lecture et a globalement comblé mes attentes. Cela ne m’aurait pas déplu qu’il y ait une suite mais c’est plus le sentiment : « je les ai bien aimé donc je veux les revoir » que le « il y a du potentiel partout, en série ça aura été trop bien mais en attendant c’est pas terrible » que je ressens quand je suis déçue. Le trio Nathaniel, Elisabeth et Silas était vraiment chouette à suivre et avec une intrigue suffisamment bien ficelée pour me captiver et m’empêcher de lâcher le livre jusqu’à 2 heures de matin. Bref, pour les amateur.ices de one-shot et de fantasy, je le recommande et je suivrai de près les prochaines parutions de Margaret Rogerson.
Par Sophie.
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