Grisha est une trilogie écrite par Leigh Bardugo et publié en français aux éditions Milan. Chaque livre fait environ 300 pages liseuse.



Le royaume de la Ravka est maudit depuis des millénaires. Son destin repose désormais sur les épaules d’une orpheline.
Alina a été recrutée par l’Armée pour accompagner les Grisha, de puissants magiciens qui luttent contre le brouillard maléfique qui déchire le pays. Quand son ami d’enfance frôle la mort lors d’un raid, Alina doit affronter ses peurs et sa destinée… Le monde des Grisha est dangereux et les pièges nombreux.
À qui Alina pourra-t-elle accorder sa confiance, alors que la seule personne sur laquelle elle pouvait compter n’est plus en mesure de l’aider ?
***
Bon. Par où commencer ? Le début. Lorsque Nina est venue me voir avec cette idée de lecture commune, j’étais plutôt enthousiaste. On disait pas mal de bien de la série Grisha, l’univers semblait être attrayant et les personnages intéressants. Le résultat … est nettement plus mitigé.
Au départ, j’étais prête à vous faire une chronique un peu au vitriol mais je suis revenue un peu de mes premières déceptions depuis, je tenterai donc d’être plus gentille.
Mon plus gros problème – pardon – un de mes plus gros problèmes a été le premier tome et globalement toute la première partie du deuxième tome (soit en gros la moitié de la série soyons clairs). J’ai trouvé que l’intrigue avançait peu ou de manière prévisible – essentiellement à cause du personnage d’Alina. La narration se fait à la première personne, il est donc impossible de faire abstraction de sa présence et ELLE PEUT SE MONTRER PÉNIBLE. Je vous détaille tout ça dans cette longue chronique qui contient aussi quelques spoils (vous êtes prévenu.e.s).
– Gaspille pas ta salive, mon cœur.
– Mais tu ne sais même pas ce que j’allais dire !
– Tu allais plaider ta cause, me demander mon aide. Tu ne peux pas me payer, mais ton cœur est pur, le blabla habituel.
Je plissai les yeux. C’était exactement ce que j’étais sur le point de faire.
– Mais…
– Perte de salive, perte de temps, perte d’un bel après-midi, affirma-t-il.
L’univers de cette série est globalement une très jolie découverte. Le décor est plutôt celui de la Russie, ce que j’ai trouvé plus original et le principe des Grisha, de leurs différentes catégories et de leurs rôles dans cet univers est intéressant. J’ai même à certains moments regretté de ne pas avoir plus de détails mais je pense que le point de vue d’Alina a limité aussi le nombre d’informations que pouvait nous donner l’autrice.
Avec un univers pareil, j’ai été assez vite embarquée dans les premiers chapitres du tome 1 et ça partait bien. Malheureusement à partir du septième ou huitième chapitre, il y a un tournant et le personnage d’Alina m’est devenu très pénible et il est impossible d’en faire abstraction. L’intrigue du premier tome piétine beaucoup aussi et manque un peu de crédibilité … Certains retournements de situation m’ont plus fait penser à des facilités scénaristiques qu’autre chose. Le Darkling semble posséder le don de surgir de nulle part alors que Mal et Alina galèrent pendant trois chapitres à se rendre quelque part… Cette impression a persisté jusqu’à la moitié du tome 2 où Alina se décide enfin à prendre ses responsabilités et à avancer ce qui diminue ses longs monologues de doute et de drama amoureux.
Je me redressai sur les coudes. J’avais compris les manigances du Darkling depuis si longtemps que j’avais facilement tendance à oublier que très peu de gens connaissaient sa vraie nature.
Pour remettre cette citation en contexte, elle prend place au début du deuxième tome et Alina oublie un peu vite que ça ne fait que quelques semaines qu’elle fuit le Petit Palais, qu’elle a retourné sa veste après les dires d’une vieille femme qu’elle n’aime pas, que durant 3 chapitres elle a douté d’avoir fait le bon choix et qu’avant de partir, elle et le Darkling étaient à deux doigts de partager un lit ensemble… Crédibilité on repassera.
Cette petite explication peut vous donner un aperçu du « pourquoi Alina est un personnage pénible ». Elle représente un peu ce que je n’aime pas chez une héroïne. Elle ne sait pas se décider, doute et change d’avis pour rien, est naïve et a une vision très manichéenne du monde sans compter les prétendants à ses pieds et le drama amoureux qui s’en suit. Je pense que les choses auraient été amenées différemment, j’aurais pu mieux accepter mais en l’état actuel, c’est compliqué. En revanche, c’est un personnage qui évolue tout de même un peu et se nuance progressivement au cours de la série. Elle manque de cohérence dans son évolution à certains moments mais je préfère qu’elle évolue de cette manière plutôt qu’elle reste agaçante.
Dans mon palmarès des personnages mal-aimés, il y a donc Alina mais celui qui remporte la palme d’or est incontestablement Mal. Mal est le prototype du meilleur ami et amoureux de l’héroïne que je déteste – ça ne manque jamais. Et dès le début. Il ne s’intéresse à Alina que lorsqu’elle se met à être le centre de l’attention, ce qui signifie clairement qu’avant il la tenait pour acquise. Il lui fait des crises de jalousie sur des choses pour lesquelles elle ne peut rien et au final, est plus un poids qu’une aide. Alors, nom de Dieu, pourquoi le choisit-elle ? Pourquoi ? Il est incapable de l’accepter et elle s’accroche à lui comme une moule à son rocher. Leur relation – même avec les développements du troisième tome – m’a laissée de marbre quand elle ne m’a pas tout simplement énervée. Les deux ayant ensemble une capacité à se plaindre qui rendrait n’importe quel.le lecteur.ice fou.folle.
Je m’étais attendue à quoi ? Ilya Morozova assis sur le bord de la route dans un halo doré, avec une pancarte : Tu avais raison, Alina. L’oiseau de feu, c’est par là.
Le personnage qui sauve donc tout ça, en particulier dans le premier tome et qui est définitivement mon personnage préféré est le Darkling. Sombre, mystérieux et charismatique – vous voyez le genre tout de suite – c’est probablement le personnage le plus complexe et travaillé de la série et quelque part, le plus adulte également. Plusieurs motivations s’entremêlent dans les actions du Darkling et je pense que le point de vue manichéen d’Alina ne leur rend pas toujours justice. Évidemment, ici, on aurait préféré qu’Alina finisse avec quelqu’un d’autre que Mal mais bon … C’était trop demander au personnage.
Le deuxième oscar revient à Nikolaï, qui n’apparait qu’au deuxième tome. Sobachka de son petit surnom, est drôle et a aussi cette marque ‘adulte’ au contraire de Mal et Alina. Quelque part, c’est un peu le pendant gentil du Darkling sans le côté badass même si Nikolai a indubitablement une certaine classe.
J’ai également beaucoup apprécié le personnage de Genya mais également Tamar et Tolya pour ne citer que les personnages secondaires les plus présents. Je pense que la série aurait beaucoup gagné si elle avait été écrite de plusieurs points de vue même si certains rebondissements n’auraient peut-être pas été possibles de la même façon.
– Il représente la force, affirma Fedyor. La sécurité. Et c’est tout ce qu’ils comprennent.
Ou peut-être qu’ils pensent juste avoir opté pour le camp des gagnants, me dis-je amèrement. Mais je savais que ce n’était pas tout… J’avais senti l’attrait de la puissance du Darkling. N’était-ce pas pour cette raison que les pèlerins s’accrochaient à une fausse sainte ? Pourquoi la Première Armée combattait-elle encore pour un roi incompétent ? Parfois il est juste plus simple de suivre.
Le troisième tome est un peu le tome qui relève le niveau : depuis qu’Alina prend ses responsabilités un peu au sérieux (mi-tome 2) et en demande même plus, elle se plaint moins et avance. On se focalise aussi moins sur le drama amoureux (ou alors seulement sur la relation avec le Darkling qui donc, est un pur plaisir) et cela laisse plus de place à l’intrigue. Le tome 3 est le tome des rebondissements intéressants et où certains personnages (Baghra, Zoya, David …) « libèrent » un peu leur potentiel. Le duo Mal/Alina m’est trop néfaste pour me l’infliger plus que nécessaire. On apprend un peu plus aussi sur les origines du Darkling, sur les raisons aussi de l’existence des amplificateurs… Le dernier tome m’a donné l’impression d’être plus creusé et complexe, moins manichéen.
— Très bien, dit-il avec un haussement d’épaules las. Faites de moi le vilain de cette histoire.
Je tiens tout de même à saluer deux choses que j’ai beaucoup appréciées tous tomes confondus : le style de l’autrice est très fluide et les livres sont agréables à lire malgré quelques coquilles dans la traduction. Vous pouvez vous faire une séance de lecture de cinq heures d’affilée sans vous en rendre compte car les chapitres défilent tous seuls et contribuent aussi au suspens. Enfin, les prologues et épilogues sont à chaque fois très bien écrits et très intéressants. Ils sont à la troisième personne et offrent une perspective un peu différente.
***
En conclusion : ♥♥ Grisha ne fera indubitablement pas partie de mes lectures de l’année même si je peux désormais affirmer que j’ai lu cette série très connue. Je pense que j’aurais lu ces livres avec quelques années de moins, j’aurais pu les apprécier plus. Certains personnages comme le Darkling (à qui un des cœurs est entièrement dédié) et Nikolaï valent le détour et l’univers reste original et intéressant, de même que l’intrigue dans le troisième tome même si elle est – de mon point de vue – prévisible. Je continuerai avec plaisir ma lecture commune sur Six of Crows avec Nina et avec un peu de chance, cette duologie me convaincra peut-être tellement que je jetterai un œil à l’adaptation de Netflix, Shadow and Bones, un cross-over entre les deux séries.
Par Sophie.
Plus le temps passe et moins j’ai envie de tenter cette saga dont les tomes prennent de la place dans ma PAL.
La faute un a nouvel engouement du fait de la série qui faire ressortir énormément de critiques assez mitigées comme la tienne.
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Je ne la recommande pas j’avoue. Mais je suis surprise parce que globalement les critiques sont bonnes … Mais peut-être que la série a un peu changé les choses comme tu dis !
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Pour le moment, je n’ai lu que le premier tome que j’ai adoré grâce surtout à l’univers et au Darkling. Alina est tellement naïve et influençable, j’espère vraiment qu’elle grandit par la suite. Et Mal m’a aussi bien énervé pour tout ce que tu as dit. Le mec débarque et s’en prend à Alina pour des choses que lui-même faisait depuis des années, mais n’importe quoi.
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Je suis contente de voir que l’on s’accorde XD J’ai souvent l’impression que les gens encensent la série et qu’il n’y a aucun point négatif.
Il ne faut vraiment pas s’arrêter au premier tome pour le personnage d’Alina, elle change déjà dans le deuxième tome je trouve ! 🙂
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J’ai regardé la série qui m’a bien plu et donné envie de lire le livre, mais plutôt en anglais car je crains que le côté jeunesse ait vite raison de moi sinon.
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Une bonne stratégie ! Si tu as peur du côté jeunesse, je ne te le recommande pas en tout cas 🙂
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