Les choses humaines par Karine Tuil

Fishbach – Mortel

Les choses humaines est un roman écrit par Karine Tuil et publié aux éditions Folio en 2021. Il compte 352 pages.

Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale. Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

J’ai acheté ce livre au moment de sa sortie en poche. Il fait partie de ces lectures qui, une fois le livre fermé, vous restent en mémoire des jours durant, et continuent de vous faire réfléchir. Je vous en parle tout de suite, mais je vous conseille vivement de lire ce livre pour vous faire votre propre avis.

« La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime. »

Cette phrase, Claire Farel y songe tandis que cette vie simple où tout lui réussissait s’écroule du jour au lendemain à la suite de l’accusation de viol portée contre son fils par Mila, la fille de son compagnon. Comment, lorsque l’on est une féministe convaincue, peut-on arriver à remettre en question l’éducation de son fils ? Comment choisir entre lui et les valeurs que l’on prêche depuis des années et en lesquelles on croit ?

Karine Tuil s’inspire de l’actualité dans ses romans : Douce France, paru en 2007 retrace de l’expulsion des migrants en quête d’un pays où vivre mieux, tandis que son roman L’Insouciance aborde le racisme et les opérations militaires françaises en Afghanistan. Rien d’étonnant à ce que, quelques années après le lancement du mouvement Me Too, l’écrivaine choisisse de traiter de la question du viol. Plus particulièrement du consentement en retranscrivant autant la sidération de Mila, la victime d’agression, qui d’office se blâme d’avoir consommé de l’alcool et fumé, mais aussi le déni d’Alexandre, son agresseur qui ne veut pas reconnaitre des faits susceptibles d’écorner son image.

Ancienne juriste, Karine Tuil retrace avec précision la machine judiciaire en place lors de procès pour viol, les différents interrogatoires, les expertises psychiatriques, les multiples preuves ou encore les confrontations entre les deux partis. A aucun moment on ne bascule du côté de l’un ou l’autre personnage. Ne pas prendre position invite le lecteur à se confronter à sa propre opinion, à son ressenti et à s’interroger encore une fois le roman fermé.

Le roman est particulièrement bien construit, alterne les points de vue, les portraits, témoigne des relations entre les protagonistes. Le procès est prétexte à remonter le temps et à s’immiscer plus profondément encore dans leur vie personnelle, jusqu’au moment du drame, qui remet en question l’apparente stabilité de la puissante famille Farel.

« Les êtres malheureux se reconnaissent entre eux »

En conclusion : ♥♥♥♥ Une petite chronique pour un très grand roman. J’ai été complètement embarquée dans le récit de Karine Tuil, les réflexions soulevées au fur et à mesure des pages sont particulièrement intéressantes, les personnages s’ils m’ont été particulièrement antipathiques sont un moyen d’aborder différentes problématiques au cœur des revendications actuelles. Je préfère toutefois vous prévenir, ce livre aborde des problématiques sensibles telles que les agressions sexuelles, la violence, l’alcool, la drogue…

Par Nina


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